Le socioconstructivisme, en tant que théorie de l’apprentissage, se focalise sur l’exploration des processus par lesquels les individus acquièrent connaissances et compétences. Cette approche s’attache à décrypter le rôle primordial des interactions sociales dans la construction de notre compréhension du monde.
Selon les principes du socioconstructivisme, nous sommes continuellement en train de façonner et de remodeler notre perception de la réalité à travers nos échanges avec autrui. Ces interactions ne déterminent pas uniquement nos pensées ; elles sculptent également notre identité personnelle. L’essence de cette théorie réside dans la conviction que nos savoirs et compréhensions ne sont pas des vérités immuables et universelles, mais plutôt des interprétations de la réalité, modelées et influencées par le prisme de notre culture et de notre société.
Le socio-constructivisme postule que la connaissance est une construction sociale, et non un ensemble de faits objectifs et invariables. Cette perspective met en lumière l’importance des contextes culturels et sociaux dans notre manière de percevoir et d’interpréter le monde qui nous entoure.
Le socioconstructivisme : définition
Le socio constructivisme est une théorie apparue dans les années 1970, initiée par le philosophe Thomas Kuhn. Elle pose que la connaissance est le fruit d’une construction collective, inséparable de son contexte social et culturel. Cette approche considère que la connaissance ne se forme pas isolément, mais émerge des interactions sociales, modelée par divers facteurs tels que le pouvoir, l’économie et les institutions.
Selon les socioconstructivistes, il existe de multiples manières d’appréhender et d’interpréter le monde. Chacun peut privilégier une perspective différente, influencée par son environnement et ses expériences. Le socioconstructivisme met également en lumière le rôle clé des échanges sociaux dans le développement de notre pensée et de nos capacités cognitives, une idée mise en avant dès les premiers travaux de Vygotsky.
En somme, cette théorie examine comment la société et l’individu s’influencent mutuellement dans la création et la compréhension de la connaissance.
La théorie du socioconstructivisme de Vygotsky
La théorie du socioconstructivisme de Vygotsky met en lumière l’importance des interactions sociales dans le développement cognitif et l’apprentissage. Selon Vygotsky, l’environnement dans lequel un enfant évolue est crucial pour son développement intellectuel. Les enfants apprennent en interagissant avec leur entourage, une idée qui a profondément influencé la psychologie de l’éducation et du développement, y compris les travaux de figures telles que Piaget et Vygotsky lui-même.
Pour Vygotsky, la construction de la connaissance est intrinsèquement liée au contexte social. Cela signifie que notre environnement culturel et institutionnel joue un rôle déterminant dans notre développement et notre façon de penser. Cette construction de connaissances ne se produit pas isolément ; elle est façonnée par le cadre culturel et institutionnel dans lequel l’individu se trouve.
En pratique, cela se manifeste à travers des outils comme les médias numériques, qui sont désormais une partie essentielle de notre quotidien. Ces outils sont à la fois le reflet et le moyen de notre interaction sociale et cognitive.
Différence entre constructivisme et socio constructivisme
Le constructivisme et le socioconstructivisme sont deux théories éducatives qui se concentrent sur la manière dont les individus construisent leurs connaissances, mais elles diffèrent dans leur approche.
Le constructivisme, inspiré par Piaget, se focalise sur l’apprentissage comme un processus actif où l’individu construit son savoir par des expériences personnelles et des interactions avec son environnement. Dans cette approche, l’apprenant joue un rôle central, utilisant ses expériences et réflexions pour construire sa compréhension. L’enseignant est un facilitateur qui soutient l’apprenant dans cette démarche individuelle de découverte et de compréhension.
D’autre part, le socioconstructivisme, influencé par Vygotsky, met l’accent sur l’importance des interactions sociales dans la construction des connaissances. Cette théorie suggère que notre compréhension est co-construite à travers des interactions et collaborations avec les autres. Ici, l’apprentissage est vu comme un processus social, où l’enseignant crée des environnements favorisant l’apprentissage collaboratif et la participation active des apprenants dans la construction collective des savoirs.
En résumé, tandis que le constructivisme met en avant l’importance des expériences et réflexions individuelles dans l’apprentissage, le socioconstructivisme souligne l’importance des interactions sociales et du contexte culturel dans ce processus.
Les principes du socioconstructivisme
L’approche socioconstructiviste mis de l’avant principalement par Vygotski (1934/1997), puis par Bruner (1960), adopte les postulats du constructivisme, mais souligne également le rôle déterminant des interactions sociales dans la construction des connaissances de l’apprenant. Donc, cette théorie comprend les éléments clés suivants :
1. Rapport entre éducation, apprentissage et développement
Vygotski ne fait pas de différence entre Psychologie du développement et éducation. Il considère le développement comme une conséquence des apprentissages auxquels l’enfant est confronté, et son étude devrait donc passer par l’analyse des situations sociales par lesquelles l’individu construit son appareil psychique. Ceci pour dire que les processus d’apprentissage précèdent ceux du développement, qui eux dépendent des processus constructeurs qui intègrent des variables sociales.
2. Rôle de la médiation sociale
Ce Principe présente la nature sociale du fonctionnement mental, qui est tributaire (dépend de) de l’héritage socioculturel.
3. Passage de l’interpsychique à l’intrapsychique
Ce principe se réfère à l’ontogenèse des processus mentaux supérieurs, c’est-à-dire par quel processus l’individu s’approprie les signes et systèmes de signes qui constituent son appareil psychique.
En plus, pour Vygotski, il s’agit là de la transformation des processus interpersonnels (entre l’individu et son environnement social) et intra personnels (l’individu lui-même). En conférant une dimension sociale essentielle au processus sociocognitif, réagissant l’apprentissage, Vygotski a anticipé sur les récentes recherches étudiant les interactions sociales. Pour lui, la vraie direction du développement ne va pas de l’individuel au social, mais du social à l’individuel. L’interaction sociale est donc au cœur de la théorie du développement social. La collaboration et l’instruction par pair deviennent possibles une fois qu’on fournit un espace physique partagé.
4. Les enfants apprennent par des interactions avec leur environnement
Les enfants apprennent en interagissant avec leur environnement. Ils sont capables d’apprendre de différentes manières, par exemple en regardant un adulte faire quelque chose, en se voyant confier une tâche et en recevant des commentaires.
5. Il n’y a pas d’idées innées
Il n’y a pas d’idées innées que vous devez suivre. C’est-à-dire, toutes les idées doivent être apprises plutôt que trouvées.
6. L’apprentissage se produit dans un contexte social.
Apprendre est une activité sociale. C’est-à-dire, nous apprenons en lisant, en écoutant et en parlant, en personne ou en ligne. Il faut une communauté pour aider les enfants à apprendre et à se développer. Par ailleurs, les possibilités d’apprentissage sont infinies lorsque nous travaillons ensemble pour aider nos enfants à grandir dans leur connaissance du monde.
En fait, dans la perspective socioconstructiviste, l’individu construit son savoir à partir de ses connaissances et expériences antérieures par l’intermédiaire d’échanges et de partages d’idées avec ses pairs et son enseignant.
En comparant ses idées avec d’autres apprenants, lesquels pourraient être en désaccord avec lui, l’apprenant développe ainsi ses connaissances de manière approfondie.
Ce phénomène s’explique par le fait qu’une opposition entre les apprenants les amène à reconsidérer leur propre point de vue grâce à l’argumentation et à la communication. Enfin, cela donne lieu à la résolution de problèmes (Vygotski 1934/1997).
À l’opposé de Piaget (1950/2005), qui soutient que le développement permet l’apprentissage, Vygotski (1978) postule que l’apprentissage accélère le développement.
En effet, les deux auteurs divergent sur ce point :
- Piaget (1950/2005) soutient qu’à chaque stade de développement, chaque apprenant est capable de résoudre un type de problème. En plus, il est impossible d’en découvrir la solution s’il n’a pas le niveau de maturité adéquate.
- Vygotski (1978), lui, distingue deux situations :
- L’apprenant peut accomplir seul certaines activités ; et ainsi apprendre.
- L’apprenant peut réaliser une activité avec l’assistance d’un accompagnateur.
Quel est le rôle de l’enseignant et de l’apprenant dans le socioconstructivisme ?
Dans la théorie du socioconstructivisme, élaborée par Vygotsky, l’enseignant et l’élève jouent des rôles essentiels mais distincts dans l’apprentissage.
Rôle de l’enseignant dans le socioconstructivisme
L’enseignant est vu comme un guide ou un facilitateur. Son rôle n’est pas de transmettre directement les savoirs, mais plutôt d’aider l’élève à explorer, comprendre et construire ses propres connaissances. Cela implique de créer un environnement d’apprentissage stimulant, où les élèves sont encouragés à être curieux et réfléchis. L’enseignant doit adapter son soutien au niveau de chaque élève, en les aidant à progresser dans leur zone de développement proximal, c’est-à-dire dans les tâches qu’ils peuvent réaliser avec un peu d’aide.
Rôle de l’apprenant dans le socioconstructivisme
Quant à l’élève, dans le socioconstructivisme, il est considéré comme un acteur actif de son apprentissage. Il ne reçoit pas passivement l’information, mais participe activement à la construction de ses connaissances. Cette construction se fait à travers les interactions sociales, l’expérience pratique, la résolution de problèmes et la collaboration avec les autres, y compris l’enseignant. L’élève est encouragé à réfléchir, à questionner et à partager ses idées, ce qui contribue à un apprentissage plus profond et personnalisé.
En résumé, l’enseignant dans la théorie du socioconstructivisme est un guide qui encourage l’exploration et la réflexion, tandis que l’élève est un participant actif, engagé dans un processus continu d’interaction et de construction de connaissances.
Le socioconstructivisme dans l’enseignement : fonctions
La théorie de développement social conteste les méthodes traditionnelles d’enseignement et d’études. En effet, VYGOTSKY montre que les stratégies fondées sur ces théories sont beaucoup plus efficaces. L’échafaudage (Scaffolding) ou l’« étayage ». L’« étayage » ou l’« échafaudage » est une structure de soutien temporaire crée par l’enseignant pour aider un élève à accomplir une tâche qu’il ne peut réaliser tout seul ; En développant leur modèle de pédagogie par la découverte, Bruner et son équipe (Wood et al. 1976) ont mis de l’avant le processus d’« étayage » ce qui a permis de constater la proximité entre le concept d’« étayage » et les types d’intervention mis en œuvre au sein de la ZPD de l’apprenant en vue de l’aider à atteindre son niveau potentiel de performance (Depover 2000). Le processus d’« étayage » comprend les six fonctions suivantes (Wood et al. 1976 : 98).
Première fonction
L’enrôlement consiste à éveiller l’intérêt et l’engagement de l’apprenant envers la réalisation d’une tâche.
Deuxième fonction
La réduction des degrés de liberté se résume à simplifier la tâche de l’apprenant . Et à réduire la difficulté du processus de résolution. En d’autres termes, l’enseignant réduit le nombre d’actions nécessaires. Le but est d’atteindre le résultat, dans le but d’éviter la surcharge cognitive de l’apprenant.
Troisième fonction
Le maintien de l’orientation vise à orienter l’apprenant de manière. Le but est qu’il ne s’éloigne pas des objectifs définis pour la tâche en question.
Quatrième fonction
La mise en évidence des caractéristiques déterminantes revient à souligner, par divers moyens, les caractéristiques pertinentes pour l’exécution de la tâche. Le fait de les signaler procure une information sur l’écart entre ce que l’apprenant a produit et ce que l’enseignant lui-même aurait considéré comme une production correcte.
Cinquième fonction
Le contrôle de la frustration consiste à essayer de maintenir l’intérêt et la motivation de l’apprenant. On utilise divers moyens, de sorte que les erreurs ou les échecs ne soient pas éprouvants pour lui. Toutefois, en raison de risques de dépendance de l’apprenant vis-à — vis de son enseignant-médiateur, il est recommandé d’appliquer cette fonction de façon mesurée.
Sixième fonction
La démonstration correspond à la présentation d’un modèle par l’enseignant. Ce dernier imite, « sous une forme idéalisée », un essai de solution tenté par l’apprenant. Cela favorise la compréhension de ce qui a permis de réussir ou d’échouer dans la réalisation de la tâche.
D’après Bruner (1983), en cernant habilement la ZPD des apprenants et en respectant les fonctions d’étayage, la médiation de l’enseignant devient plus efficace, ce qui favorise un meilleur apprentissage.
Avantages et limites du socio-constructivisme
Avantages
Le socioconstructivisme, concept développé par Vygotsky, est avantageux pour l’éducation en considérant les élèves comme des acteurs actifs de leur apprentissage. Cette approche encourage les élèves à construire leurs connaissances à travers des interactions et des expériences, favorisant ainsi un apprentissage plus engagé et significatif. Elle permet aux élèves de développer leurs capacités de réflexion et de résolution de problèmes de manière plus profonde, en les impliquant activement dans le processus d’apprentissage.
Limites
Cependant, le socioconstructivisme a aussi ses limites. Il peut être exigeant en temps, aussi bien pour les enseignants dans la préparation des activités que pour les élèves dans l’apprentissage. Cette méthode peut ne pas être en adéquation avec les tests standardisés qui se concentrent sur l’acquisition de connaissances spécifiques. De plus, elle nécessite une adaptation constante aux différents niveaux des élèves, ce qui peut demander des efforts supplémentaires et des ressources importantes de la part des enseignants.
Sources :
- Bruner, J. S. (1984). Vygotski’s zone of proximal development: The hidden agenda. New Directions for Child and Adolescent Development, 1984 (23), 93–97.
- Jonnaert, P. & Borght, C. (2009). Créer des conditions d’apprentissage : Un cadre de référence socioconstructiviste pour une formation didactique des enseignants. DeBoeck Université. Belgique.
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