Jusqu’à ces dernières années, le débat sur l’enseignement de la lecture s’est polarisé autour de deux types de méthodes d’enseignement : les premières, qui mettent l’accent sur le code, particulièrement sur l’aspect auditif, sont appelées méthodes synthétiques ; les secondes, qui insistent sur l’aspect visuel et la signification, sont appelées méthodes analytiques ou globales. La terminologie fait référence autant à l’aspect méthodologique qu’au processus psychologique en cause. Donc, quelles sont les méthodes d’enseignement de la lecture ?
Les méthodes d’enseignement de la lecture
Nous définirons ces deux types de méthodes en faisant ressortir principalement les éléments qui les opposent.
1) Les méthodes synthétiques
Le principe de base du modèle de la pensée synthétique est de partir d’éléments simples pour aller vers des éléments de plus en plus complexes. Les éléments simples comme la lettre, le son et la syllabe se combinent ensuite pour former le mot, la phrase ou le récit.
Éléments simples ===> Éléments composés
Lettre, son, syllabe ===> mot, phrase, récit
Quand on parle d’éléments simples, on se réfère, ici, à l’analyse de la langue. Du point de vue de l’enfant, il s’agit d’éléments complexes. En effet, l’enfant de six ans est plus familier avec les mots et les phrases qu’avec les lettres et les phonèmes.
Dans les méthodes synthétiques, l’acquisition des automatismes se réalise par association et la répétition joue un rôle important. Afin d’éviter les possibilités de confusions visuelles ou auditives, on présente à l’enfant une seule association lettre — son à la fois, en prenant soin de commencer par des correspondances régulières. Le modèle se base sur le signe, et l’activité de l’enfant se limite sur la mémoire. On peut représenter graphiquement la démarche des méthodes synthétiques sous la forme d’un triangle, la première unité à acquérir étant la lettre, la dernière unité étant la phrase.
L’enfant passe ainsi progressivement, à l’intérieur de son apprentissage, de la lettre à la syllabe, puis au mot et enfin à la phrase. Pour effectuer le passage de la lettre à la syllabe, I enfant doit faire la synthèse des éléments de base ; ainsi pour lire ma il doit unir le m et le a. C est de cette activité de synthèse que provient I appellation méthodes synthé¬ tiques. Selon que l’unité choisie sera la lettre, le phonème ou la syllabe, on parlera des méthodes : alphabétique, phonétique ou syllabique.
1. La méthode alphabétique
La méthode alphabétique pure consiste à enseigner d’abord le nom des lettres, puis les syllabes de 2, 3, 4 ou 5 lettres pour en arriver aux mots et aux phrases.
2. La méthode phonétique
En vertu de cette méthode, au lieu de faire exécuter la synthèse à partir des lettres, le travail se fait à partir des phonèmes. Ici encore, la démarche part d’éléments simples, les phonèmes, pour en arriver à des éléments plus complexes, la syllabe ou le mot.
3. La méthode syllabique
L’unité de base de cette méthode est la syllabe. L’enfant ne lira que les mots composés de syllabes connues.
En résumé, on peut dire que la conception sous-jacente aux méthodes synthétiques est que tout enfant qui veut apprendre à lire doit d’abord passer par la phase d’acquisition du mécanisme des relations lettres-sons et, inversement, que tout enfant qui maîtrise ce mécanisme sait lire.
2) Les méthodes analytiques
Le principe de base du modèle analytique veut que l’on parte d’éléments complexes pour aller à des éléments de plus en plus simples. L’élément complexe peut être le récit, la phrase, ou le mot. Et il est fragmenté pour conduire à l’étude de la syllabe, du son et de la lettre. Les éléments sont dits complexes du point de vue de la langue, mais ce sont les éléments les mieux connus de l’enfant.
Éléments composés ===> Éléments simples
Récit, phrase, mot ===> Syllabe, lettre.
L’approche analytique est plus préoccupée par la signification que ne l’est l’approche synthétique. Son point de départ est le concret qui mène à l’abstrait, la signification prévaut sur le signe. Graphiquement, ce modèle peut se visualiser comme un triangle renversé, la première unité étant la phrase, la dernière unité, la lettre.
L’enfant apprend globalement des mots ou des phrases et, en dégageant les ressemblances et les différences entre les mots, il découvre les unités inférieures (syllabes, lettres). La démarche intellectuelle demandée à l’enfant est l’analyse de la phrase et du mot pour découvrir des relations entre le code oral et le code écrit, d’où l’appellation méthodes analytiques. Comme l’accent est mis davantage sur la signification, les méthodes qui découlent de cette approche sont également appelées méthodes « idéographiques ».
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3) Différences entre les méthodes synthétiques et les méthodes analytiques
Les principales différences entre les méthodes synthétiques et les méthodes analytiques. Cependant, à l’heure actuelle, il n’existe plus des méthodes fondées sur les modèles synthétique ou analytique purs. D’une part, les méthodes dont le point de départ est synthétique mettent de plus en plus d’accent sur la signification :
Les mots et les phrases sont introduits plus tôt et l’on s’efforce d’en trouver qui soient plus intéressants pour l’enfant. D’autre part, les méthodes qui s’appuient sur l’analyse font intervenir un élément de systématisation dans la découverte des correspondances graphème-phonème ou lettres — sons.
On ne pouvait terminer cette présentation des méthodes d’enseignement sans apporter les précisions suivantes : même si les méthodes analytiques et synthétiques s’opposent par certains aspects, et même si les méthodes analytiques offrent certains avantages en ce qui regarde la motivation, il n’en demeure pas moins qu’elles ne tiennent compte ni les unes ni les autres de deux considérations fondamentales :
- La compétence linguistique de l’enfant, c’est-à-dire sa connaissance de la langue,
- La compétence cognitive de l’enfant, c’est-à-dire ses connaissances et ses expériences.
Une nouvelle conception de la lecture qui intègre toutes les compétences du lecteur se répand de plus en plus : elle offre une solution de rechange à l’alternative des méthodes synthétiques ou analytiques.
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