L’approche par compétence a émergé aux États-Unis, en Australie, puis en Europe. Des pays comme le Royaume-Uni, la Suisse et la Belgique l’ont rapidement adoptée. Elle s’inscrit dans la lignée du constructivisme et du socio-constructivisme. Cette méthode marque un passage d’une éducation basée sur les comportements observables à une centrée sur le développement cognitif.
Dans l’approche par compétence (APC), les étudiants progressent à leur rythme. Ils se concentrent sur l’acquisition de compétences spécifiques. Cette flexibilité répond mieux aux différents besoins d’apprentissage. Elle se distingue de l’approche traditionnelle, qui se concentre sur les contenus et la durée des programmes. L’APC met l’accent sur les résultats d’apprentissage, peu importe le contexte d’acquisition.
Cette méthode souligne l’importance d’une pédagogie adaptée à chaque étudiant. Elle reconnaît la diversité des parcours d’apprentissage et les différentes façons d’apprendre.
Approche par compétence (APC) : définition
En 1989, Philippe Meirieu décrivait la compétence comme un savoir associé à une ou plusieurs capacités dans un domaine spécifique. Une compétence, c’est pouvoir lier un type de problème à un plan d’action précis.
L’approche par compétence se traduit par la création de programmes d’études ciblés. Ces programmes sont conçus selon des critères clairs et une vision spécifique de l’apprentissage. Chaque programme se base sur des compétences définies par les formateurs et professionnels. Ces compétences visent à répondre aux besoins du marché de l’emploi et de la société. Elles s’articulent autour de la mobilisation et de la combinaison de ressources, incluant connaissances, attitudes et valeurs.
De plus, cette approche met l’étudiant au centre. Il doit démontrer les résultats d’apprentissage attendus. L’étudiant avance dans son programme à son rythme, en démontrant ses compétences. Cette méthode s’apparente à l’apprentissage basé sur la maîtrise. La différence majeure réside dans le fait que l’approche par compétences se focalise sur des aptitudes observables, alors que l’apprentissage basé sur la maîtrise peut être plus théorique, se concentrant davantage sur les concepts.
Les principes de l’APC
L’approche par compétence s’appuie sur les avancées de la pédagogie par objectif. Cette méthode traditionnelle qui découpe les savoirs à transmettre au sein des disciplines en autant d’objectifs à atteindre à chaque niveau de la scolarité. La pédagogie par objectif consiste à répondre à la question : que doit savoir, ou savoir-faire l’apprenant à la fin d’une activité donnée ? Grâce à de petites évaluations, elle permet de vérifier si un objectif bien précis est atteint par les élèves.
En plus, l’approche par compétence, ou pédagogie par objectif, dans les deux cas, on se retrouve en présence de listes d’actions à accomplir qui sont, comme établi par des experts. Toute fois apprendre, c’est se comporter en tenant compte de comportements, de compétences attendues, donc de visées établies à l’avance. Les élèves doivent savoir à quoi sert telle ou telle notion. Et comment ils pourront effectuer son transfert dans un autre champ selon le principe de la transversalité également imposé par les réformateurs.
Une caractéristique essentielle de ce type d’apprentissage est l’importance de la maîtrise. Dans d’autres modèles d’apprentissage, les étudiants s’exposent au contenu au fil du temps, et la réussite se mesure de manière sommative.
Dans l’approche par compétence, les étudiants ne sont pas autorisés à continuer tant qu’ils n’ont pas démontré leur maîtrise des compétences identifiées. C’est-à-dire les résultats d’apprentissage souhaités à démontrer. De cette façon, la définition de l’approche par compétence est étroitement liée à l’apprentissage par la maîtrise.
Comment l’élève apprend- il mieux?
L’approche par compétences développe l’idée que l’élève apprend mieux dans l’action. Voici les les caractéristiques de l’approche par compétence :
- Quand il se met en situation de production effective.
- Quand il est vraiment impliqué dans des tâches intégratrices. Cela nécessite la mobilisation et l’intégration des acquis et donnent une vision globale des capacités à mobiliser.
- Et aussi, quand la situation d’apprentissage a du sens pour lui, qu’elle est significative.
- Quand les erreurs qu’il commet lors de la réalisation de la tâche sont identifiées et exploitées par l’enseignant dans le cadre d’une régulation. Et aussi lorsque ces erreurs sont de nature à créer un obstacle à la poursuite de l’activité ou des apprentissages ultérieurs.
- Quand l’élève établit des contacts avec les autres pour construire ses connaissances et son savoir.
Avantages de l’APC
L’efficacité de l’approche par compétence dépend de son environnement. Dans un système avec des soutiens variés, des évaluations robustes et des objectifs d’apprentissage clairs, elle est très efficace. Elle peut réduire le temps d’apprentissage et améliorer la précision pédagogique et les performances des élèves.
Ses avantages incluent la flexibilité, permettant aux apprenants de progresser à leur rythme. Cela aide les élèves avec des niveaux de connaissances et de littératie variés. Les défis incluent l’identification et l’évaluation des compétences clés, et le soutien des apprenants en difficulté.
La technologie enrichit cette approche, donnant aux élèves un accès facilité au contenu. Si les élèves peuvent accéder au même contenu que l’enseignant, la classe peut avancer de manière moins synchronisée. Les élèves peuvent démontrer leur compréhension de façon plus personnelle.
La pédagogie par compétence est proche de l’apprentissage basé sur les résultats. Les compétences, prédéfinies, sont évaluées fréquemment. Ainsi, elle est considérée comme une forme d’apprentissage fondé sur les résultats.
Les limites de l’approche par compétence
En adoptant l’approche par compétence, le monde éducatif s’est engagé dans un chemin innovant, mais non exempt de limites et de défis. Voici les inconvénients de l’approche par compétence :
– Manque de standardisation
Les programmes de formation basés sur les compétences diffèrent grandement d’une institution à l’autre. Cette variabilité conduit à des disparités dans la qualité et la rigueur des programmes, compliquant la tâche pour les employeurs et les autres établissements d’évaluer les compétences acquises par les diplômés.
– Apprentissage interdisciplinaire limité
En se focalisant intensément sur des compétences spécifiques, cette approche risque de négliger l’importance de l’exploration de domaines plus larges et de l’obtention d’une éducation diversifiée et équilibrée.
– Mentalité de « liste de contrôle »
L’approche par compétence peut conduire les étudiants à se concentrer sur la simple validation des compétences nécessaires, sans s’engager profondément dans l’apprentissage, favorisant ainsi une mentalité de « cocher les cases » au détriment d’une véritable compréhension.
– Interaction sociale réduite
Cette méthode, souvent autonome et en ligne, peut limiter les interactions sociales, qui sont pourtant cruciales pour le développement des compétences interpersonnelles et la motivation des étudiants.
– Défis de l’évaluation
L’évaluation des compétences est complexe. La transition d’évaluations traditionnelles basées sur des examens standardisés vers un modèle adapté à l’approche par compétence est un processus exigeant et nécessite des ressources considérables.
– Retards de diplomation
La flexibilité offerte par l’approche par compétence peut aussi entraîner des retards dans l’obtention des diplômes, en particulier pour les étudiants qui rencontrent des difficultés à maîtriser certaines compétences dans les délais prévus.
– Adaptation limitée aux styles d’apprentissage
Les programmes basés sur les compétences, avec leur structure souvent prédéfinie, peuvent ne pas convenir à tous les étudiants, en particulier à ceux qui nécessitent des méthodes d’enseignement diversifiées ou un soutien supplémentaire.
Sources :
- Meirieu, P. (1991). Apprendre… oui, mais comment ? Paris, ESF éditeur, 8° éd., p.181.
- Romainville, M., Bernaerdt, G., Delory, Ch., Gérard, A.,Leroy, A., L. Paquay, L., Rey, B., Wolfs, JL. (1998). « Réformes : à ceux qui s’interrogent sur les compétences et leur évaluation », Forum pédagogie, p.22.
- De Ketele, J-M., & Gérard, F.-M. (2005)., la validation des épreuves d’évaluation selon l’approche par les compétences, in mesure et évaluation en éducation, vol. 28, n° 3, UCL – BIEF, p. 2.
- Boutin, G (2004). L’approche par compétences en éducation : Un amalgame paradigmatique, In revue Connexions, Revue de psychosociologie sciences humaines, n° 81
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