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12 Réponses inefficaces face aux problèmes des élèves

problèmes des élèves

Que faire lorsqu’un élève a un problème?

Dans nos classes, il y a souvent un élève qui préfère regarder par la fenêtre plutôt que lire son texte. Un autre se promène sans arrêt dans la classe. Un troisième parle très fort, critique tout le monde, et donne des surnoms à ses camarades. Et un quatrième porte des vêtements sales et ne se coiffe plus.

Ces comportements nous indiquent que ces élèves ont un problème. Ils nous indiquent par ces signes qu’ils sont en difficulté. Comment l’enseignant réagira-t-il à ces messages ? Va- t-il les ignorer en espérant que les problèmes vont se résoudre tout seuls ? Va-t-il expliquer à l’élève qu’il ne devrait pas se comporter de cette façon en classe ? Va-t-il tenter d’enrayer  ces problèmes à coup de menaces et de punitions ?

Il est difficile de savoir quelle décision prendre. Les enseignants se sentent impuissants face à ce type de problème. Certains enseignants pensent que les élèves doivent oublier leurs problèmes personnels quand c’est le temps d’étudier.

Or, les élèves ne peuvent pas déposer leurs problèmes à la porte de l’école. Et quand ils sont préoccupés, ils sont incapables d’apprendre. Si on tente d’enseigner dans de telles conditions, on est déçu !

Ces douze types de messages sont inefficaces pour aider les élèves à résoudre les problèmes qui bloquent leur apprentissage.

Par exemple, un élève ne parvient pas à terminer son travail. Vous constatez qu’il vit un problème qu’il empêche de travailler. Les messages offrant une solution à l’élève lui communiquent de l’inacceptation et sont inappropriés dans cette situation :

1. Ordonner, diriger, commander

Exemple : ‘’ cesse de te plaindre et remets toi au travail !’’

Ces messages communiquent à l’élève que ses sentiments et ses problèmes sont sans importance. Ce type de communication peut provoquer la rancœur et la colère des élèves et les inciter à résister, à mettre l’autorité de l’enseignant à l’épreuve.

2. Menacer, avertir, mettre en garde

Exemple : ‘’si tu veux réussir et obtenir une bonne note, tu ferais bien de te mettre au travail !’’

Ces messages mènent l’élève à redouter l’autorité de l’enseignant. Les menaces peuvent amener un élève à craindre l’enseignant et à finalement se soumettre. Nos élèves sont parfois portés à faire ce qu’on vient de leur interdire simplement pour voir si l’enseignant ira au bout de ses menaces.’’

3. Moraliser, sermonner, prêcher

Exemple : ‘’ tu sais, c’est pour travailler que tu viens à l’école. Alors, fais un effort et concentre-toi sur ta tâche ! ‘’

Ces messages font comprendre à l’élève qu’il doit se plier à une autorité qui lui dicte ses devoirs. Les élèves refusent habituellement de se plier à ces obligations et défendent leurs droits de plus en plus vigoureusement.

4. Conseiller, suggérer, donner des solutions

Exemple :’’ si j’étais à ta place, j’organiserais mon travail différemment’’

Ces messages confirment que l’élève ne peut pas résoudre ses problèmes. Ils amènent les élèves à dépendre trop des enseignants, à ne pas réfléchir par eux –même, et à se tourner vers ‘’l’autorité’’ chaque fois qu’une situation délicate se présente.

5. Argumenter, persuader par la logique

Exemple :’’ n’oublie pas qu’il nous reste  que trente jours de classe. C’est tout le temps dont tu disposes pour finir ton travail et pas plus !

Raisonner un élève implique qu’il manque de logique ou est ignorant. Ces messages provoquent aussi la haine des élèves, qui se sentent harcelés et se bouchent les oreilles.

Quand un enseignant cherche à lui ouvrir les yeux en lui exposant des faits tirés de son expérience, l’élève adopte souvent une attitude de défense face à l’adulte. Il critique alors  l’opinion de l’enseignant et l’étiquette de ‘’vieux jeu’’.

Les messages qui critiquent l’élève, l’évaluent et le jugent sont aussi inappropriés !

6. Critiquer, juger, blâmer

Exemple :’’tu remets toujours ton travail à plus tard et tu n’arrives jamais à rien !’’

Les critiques négatives invitent les élèves à contre-attaquer ; ils réagissent en disant : après tout, vous êtes loin d’être parfaits vous-mêmes.

Dire à un élève qu’il est paresseux, c’est le mettre en colère et souvent lui enlever la motivation de faire mieux.

7. Complimenter, approuver, flatter

Exemple :’’tu sais que tu réussis toujours très bien. Je suis sûr que tu vas trouver le moyen de terminer ton travail à temps !

En dépit de l’opinion commune, les compliments n’aident pas toujours les élèves, ils peuvent même nuire. Les élèves habitués à recevoir des compliments risquent de ne pas vivre que pour ceux-ci ou même les exiger.

8. Ridiculiser, humilier, étiqueter

Exemple :’’ Ne fais pas le bébé! grandis un peu! ’’

Quand les élèves reçoivent ces messages, ils renvoient habituellement la balle à l’enseignant en lui parlant sur le même ton. Ces messages sont inefficaces parce que l’élève n’est pas porté à analyser objectivement la situation et ces messages dévalorisants  lui fournissent l’argument idéal dont il a besoin  pour ne pas changer.

9. Analyser, interpréter, diagnostiquer

Exemple :’’ tu essaies de t’en tirer sans avoir à effectuer ton travail’’

Lorsque l’enseignement analyse correctement le comportement de l’élève, ce dernier se sent démasqué et mal à l’aise ; et lorsque l’enseignant se trompe, comme c’est si souvent le cas, l’élève se sent injustement accusé.

10. Rassurer, consoler, sympathiser

Exemple :’’ tu n’es le seul à réagir de cette façon. Moi aussi, j’ai ressenti ça quand mes profs me donnaient un travail trop difficile. Tu verras, dès que t’y mettras tu y arriveras très bien’’.

À première vue, ces messages aident les élèves qui ont des problèmes, mais en fait, ils sont moins efficaces qu’ils nous pariassent. Rassurer un élève en crise risque bien de le convaincre qu’on ne comprend pas son problème. Ces messages sous-entendent que l’élève exagère, qu’il ne comprend pas bien la situation. Voilà pourquoi les élèves sont parfois hostiles envers l’enseignant qui tente de les réconforter par sa sympathie.

L’intervention  la plus utilisée, l’enquête est aussi inappropriée

11. Enquêter, questionner, interroger

Exemple :’’ Est-ce que ton travail est difficile ? Combien de temps y as-tu mis jusqu’à aujourd’hui ? Pourquoi ne m’as-tu pas consulté plus tôt ?

Lorsque l’enseignant interroge, l’élève se sent traqué, surtout s’il ne comprend pas pourquoi il est questionné. Voilà pourquoi les élèves répondent souvent à ce type de question par une autre question :’’pourquoi voulez-vous savoir cela.’’

Questionner une personne au moment où elle a un problème bloque la communication. Parce que les gens se sentent alors menacés. Quand ils s’aperçoivent qu’on veut envahir leur monde intérieur, ils se replient sur eux-mêmes.

Cette méthode est inefficace, parce que l’enseignant veut résoudre lui-même le problème plutôt que d’aider l’élève à le résoudre.

12. Esquiver, dévier, distraire

Exemple :’’ j’ai l’impression que tu t’es levé du mauvais pied ce   matin. Parlons d’autres choses si tu veux.’’

À première vue, distraire un élève ou détourner son attention de son problème semple produire de bons résultats. En réalité, le problème refait surface tant qu’on ne l’aborde pas directement. Un problème ignoré n’est pas un problème résolu.

Les jeunes désirent qu’on les écoute et qu’on les comprenne. Les enseignants qui font du sarcasme, ironisent ou simplement détournent l’attention des élèves, incitent ceux-ci à confier leurs problèmes à quelqu’un d’autre.

Ces messages sont inefficaces lorsqu’un élève a un problème. Lorsque le comportement de l’élève se situe dans la zone sans problème, ces messages ne font pas obstacle à la communication et ne nuisent pas à la relation.

Pourquoi l’écoute est si efficace ?

Les douze obstacles à la communication constituent le langage de l’inacceptation parce qu’ils indiquent souvent à la personne en crise qu’elle doit changer, qu’elle ferait mieux de changer, ou qu’elle doive changer. Parfois, ils signifient aussi qu’avoir un problème est en soi inacceptable, et que quelque chose ne tourne pas rond chez celui a un problème. Ces interventions s’avèrent inefficaces pour entretenir des relations saines.

L’écoute est efficace parce qu’elle constitue le langage de l’acceptation. Écouter montre à l’élève que nous l’acceptons. L’acceptation est la clé d’une relation efficace, elle permet à l’autre de s’épanouir, de développer son potentiel. Voici des paradoxes de l’existence : quand une personne sait que quelqu’un l’accepte tel qu’elle est, elle se sent libérée, prête à changer elle-même sa vie ses propres désirs, ou du moins disposée à réfléchir  sérieusement ; elle sait qu’elle peut consacrer ses énergies à découvrir ce qu’elle souhaite devenir et développer toutes ses potentialités.

L’acceptation permet à la personne de développer le potentiel qui existe déjà à l’intérieur d’elle-même.  Le langage de l’acceptation permet aux élèves de s’épanouir. Il leur donne l’occasion d’exprimer leurs sentiments et de parler de leurs problèmes. Les thérapeutes efficaces montrent à leurs clients qu’ils les acceptent. C’est pourquoi les clients se sentent libres de tout communiquer à leur thérapeute. Cette acceptation joue un rôle de premier plan dans le développement de la personne.

Les enseignants peuvent aider un élève à s’accepter, à s’apprécier, à reconnaître sa valeur personnelle en l’acceptant. Ils peuvent lui apprendre à résoudre lui-même ses problèmes et l’aider à réagir d’une manière constructive aux déceptions de sa vie d’enfant.

Accepter quelqu’un tel qu’il est, est  un véritable acte d’amour et se sentir accepté par quelqu’un, c’est se sentir aimé.

L’écoute active est un moyen constructif d’aider un élève qui a un problème

Il peut sembler étonnant qu’on puisse aider quelqu’un simplement en l’écoutant. Lorsqu’on écoute une personne, on lui laisse sa responsabilité, son problème lui appartient ; on l’encourage à explorer ses sentiments et on lui fait comprendre qu’on l’accepte telle qu’elle est. L’écoute active consiste à prêter attention, à montrer qu’on accueille les messages de l’autre, à l’inviter à s’exprimer et à lui refléter ce qu’on comprend de son message.

Exemple : un élève épuisé à la préparation du journal

  • Élève : je ne réussirai jamais à terminer le journal de classe
  • Enseignant : il garde le silence, reste attentif
  • Élève : je suis ici depuis quinze heures ! Tous les autres sont partis. Ils se disent que c’est moi le rédacteur en chef, et que je dois faire tout le travail.
  • Enseignant : je vois
  • Élève : Eugénie n’a pas tapé les articles et Marianne n’a pas terminé la mise en page
  • Enseignant : hoche la tête
  • Élève : le problème est simple : tout le monde attend que quelqu’un d’autre fasse quelque chose. Il nous faut une liste des tâches à accomplir. De cette façon, tout le monde verra clairement quelle est la tâche suivante et qui doit s’en charger.
  • Enseignant : oui, je comprends
  • Élève : je vais rédiger cette liste ce soir à la maison. Au revoir, et à demain.
  • Enseignant : ça va

À qui appartient le problème ? 

L’enseignant doit d’abord préciser d’abord à qui appartient le problème.

Exemple :

  • Élève : les mathématiques sont trop dures pour moi
  • Enseignante : les maths ne sont pas difficiles. Je sais bien qu’il est ton problème : tu abandonnes à la moindre difficulté. Allons, essaie un peu.

Si les enseignants s’approprient jour après jour les problèmes des élèves, ceux-ci apprennent à développer une dépendance envers ceux qui gèrent leurs sentiments et leurs comportements.

Source: Thomas GORDON- Enseignants efficaces

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